Lorsqu’un divorce frappe une famille, la première pensée des parents est de protéger leurs enfants, à tout prix. Ce réflexe instinctif, guidé par l’amour et le souci de bien faire, peut pourtant avoir des conséquences inattendues… et parfois aggraver la situation. En voulant protéger à tout prix, certains parents enferment leurs enfants dans un cercle de non-dits, de mensonges bienveillants et de surprotection émotionnelle. Et c’est précisément ce silence qui peut causer les plus grandes blessures.
1. Le piège de la surprotection émotionnelle
Vouloir éviter à tout prix de blesser ses enfants peut conduire à une surprotection émotionnelle, qui finit par leur nuire davantage. Beaucoup de parents pensent bien faire en évitant les sujets délicats, en cachant les conflits ou en prétendant que tout va bien. Mais en préservant l’image parfaite, ils privent leurs enfants de la réalité émotionnelle à laquelle ils sont pourtant confrontés.
Le résultat ?
Les enfants ressentent le malaise, perçoivent les tensions, mais n’ont aucun moyen de mettre des mots sur ce qu’ils vivent. En l’absence d’explications, ils interprètent alors la situation à leur façon, souvent en s’accusant eux-mêmes.
Les conséquences à long terme sont lourdes :
- Culpabilité : sans compréhension claire de la situation, ils se sentent souvent responsables de la séparation.
- Anxiété : ne sachant pas ce qui se passe, ils développent des peurs irrationnelles sur l’avenir.
- Difficulté à gérer les conflits : en grandissant dans une bulle de “fausse harmonie”, ils ne savent pas comment gérer les désaccords ou exprimer leurs émotions de manière saine.
Le silence, censé protéger, devient alors un fardeau émotionnel qui impactera leur développement affectif à long terme.
2. Le poids du parent “parfait” : une pression insoutenable pour l’enfant
En voulant protéger leurs enfants, certains parents tentent d’endosser le rôle du parent parfait. Ils veulent compenser le manque de l’autre parent, faire en sorte que l’enfant ne manque de rien… Alors ils surinvestissent leur rôle, en cédant à toutes les demandes, en étant présents à chaque instant, en couvrant l’enfant de cadeaux pour “compenser” l’absence de l’autre parent.
Mais cette surcompensation a un effet pervers :
- L’enfant devient le centre de contrôle du divorce. Il est survalorisé, sa parole devient loi.
- Le parent cherche à éviter tout conflit en cédant à tout pour maintenir une paix apparente.
- Par peur de “blesser” l’enfant, les parents s’interdisent d’imposer des règles, créant une confusion des rôles.
Les conséquences ?
- Confusion émotionnelle : l’enfant ne sait plus quelles sont les limites et vit dans un univers sans cadre sécurisant.
- Prise de pouvoir : en étant au centre de toutes les décisions, l’enfant développe un sentiment de toute-puissance, au risque de devenir manipulateur pour obtenir ce qu’il souhaite.
- Angoisse de séparation : l’enfant s’habitue à une présence constante et devient incapable de gérer l’absence, même temporaire, de ses parents.
Ce désir de bien faire transforme alors l’enfant en acteur principal du divorce, le mettant au centre des enjeux émotionnels et décisionnels.
3. Le mensonge “bienveillant” : un leurre destructeur
Pour protéger leurs enfants, certains parents choisissent de dissimuler la vérité. Ils mentent pour éviter les sujets difficiles, pour protéger l’image de l’autre parent, ou simplement parce qu’ils ne savent pas comment annoncer la réalité.
Les formes de mensonge bienveillant sont multiples :
- Dire que papa/maman “travaille beaucoup” pour justifier son absence.
- Maintenir une image idéalisée du parent absent pour préserver l’image familiale.
- Ne pas expliquer les raisons de la séparation pour ne pas “blesser” l’enfant.
Mais le mensonge a toujours un coût :
- Perte de confiance : l’enfant finit par découvrir la vérité, se sent trahi, et perd confiance en ses parents.
- Rupture du dialogue : se sentant trompé, l’enfant n’ose plus poser de questions.
- Vision déformée du couple : en grandissant avec une image fausse de l’amour ou de la relation parentale, l’enfant développe des croyances erronées sur le couple et le mariage.
Ce mensonge bienveillant finit par créer une coupure émotionnelle qui altère durablement la relation parent-enfant.
4. Alors… comment protéger sans surprotéger ?
La clé réside dans une transparence mesurée, adaptée à l’âge de l’enfant.
- Dire la vérité… mais avec des mots d’enfants : adapter le discours à l’âge de l’enfant sans entrer dans des détails trop complexes.
- Fixer des règles claires : offrir un cadre sécurisant avec des règles cohérentes, même après la séparation.
- Accueillir les émotions : autoriser l’enfant à exprimer ses émotions, sans minimiser sa peine ni dramatiser la situation.
- Maintenir la cohérence parentale : malgré la séparation, les parents doivent aligner leur éducation pour ne pas déstabiliser l’enfant.
- Ne pas mentir, mais ne pas tout dire : répondre aux questions avec sincérité, mais en respectant les besoins émotionnels de l’enfant.
En protégeant ses enfants sans surprotéger, on leur permet de comprendre la réalité, d’exprimer leurs émotions et de grandir dans un environnement émotionnel sain et sécurisé.
5. Les ressources à votre disposition
J’ai créé les Journées du Divorce et de la Séparation pour aider les parents à protéger leurs enfants sans les surprotéger. Pour leur offrir des outils concrets afin de communiquer de manière bienveillante, sans mensonge ni faux-semblant. Pour apprendre à garder un équilibre émotionneltout en étant transparent avec ses enfants.
Parce qu’un parent qui communique de manière saine élève un enfant émotionnellement fort et confiant en lui-même.
Si vous ne le faites pas pour vous, faites-le pour vos enfants.
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Et si vous n’étiez pas disponible
