Divorce : un stress comparable à une maladie grave et pourtant si peu pris en compte
Lorsqu’on évoque un divorce ou une séparation, on pense procédure, juge, avocat. On pense à l’après. On pense à la douleur. Mais on parle encore trop peu de ce qui se joue au quotidien, en silence, dans la tête et dans le corps.
Ce que l’on appelle charge mentale.
Or, le divorce est un des événements de vie les plus bouleversants qui soient. Sur l’échelle internationale du stress de Holmes et Rahe, il est classé juste après le décès d’un conjoint. À égalité avec une maladie grave, un accident de la route, ou un licenciement brutal.
Pourtant, il ne fait l’objet d’aucune prise en charge spécifique. Et encore moins d’alerte pour votre santé.
La surcharge mentale : l’ennemi invisible du divorce
Un divorce ou une séparation est une épreuve à plusieurs étages.
Il y a ce que l’on voit : la rupture affective, les démarches administratives, la gestion des enfants, le partage des biens, la nécessité de tout réorganiser.
Et puis, il y a ce que l’on ne voit pas.
La surcharge invisible, qui s’accumule jour après jour. Le fait de devoir penser à tout, gérer tout, anticiper, organiser, décider… sans jamais pouvoir relâcher la pression.
Lorsque vous êtes la personne qui prend l’initiative de la séparation, vous êtes souvent celle qui anticipe, qui organise, qui rassure les autres. Mais cela ne vous met pas à l’abri.
Et si vous êtes celle ou celui qui la subit, l’effet est parfois encore plus brutal : vous êtes mis·e devant le fait accompli, et devez tout encaisser en accéléré.
Dans les deux cas, vous vous retrouvez seul·e à porter une charge mentale immense, qui combine responsabilité parentale, gestion émotionnelle, désorganisation matérielle et incertitudes profondes.
Un cerveau sous pression constante
“Ça va, je gère.”
C’est ce que beaucoup de mes client·e·s répètent au début.
En réalité, ils gèrent… jusqu’au jour où ils n’y arrivent plus.
Le cerveau, dans une séparation, fonctionne comme en état d’alerte continue.
C’est une réponse de survie : le système nerveux active le mode “vigilance maximale”, parfois des semaines, voire des mois durant.
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Le cortex préfrontal (lié à la logique, à l’analyse) est saturé.
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Le système limbique (lié aux émotions) est hyperactivé.
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Et l’amygdale (centre de la peur) prend le dessus.
Résultat : les émotions débordent, la mémoire flanche, les décisions deviennent plus impulsives, et la fatigue s’installe en profondeur.
Quand cette hyperactivation perdure, on parle de surcharge neurophysiologique.
Elle peut entraîner :
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des troubles anxieux chroniques,
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un dérèglement hormonal (cortisol),
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une fatigue émotionnelle profonde,
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et dans certains cas, des troubles somatiques durables (migraine, eczéma, douleurs musculaires, troubles digestifs, etc.).
Certaines études estiment que le corps peut mettre 12 à 18 mois à se remettre d’un stress intense non régulé. Et ce, même si l’apparente “stabilité” revient sur le plan juridique.
Non, ce n’est pas juste une “période difficile”
C’est un événement à fort impact sanitaire, sous-estimé, mal accompagné, et pourtant omniprésent : 1 couple sur 2 se sépare.
Et ce que l’on oublie, c’est que ce stress diffus, prolongé, usant, peut provoquer des effets en cascade :
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Effondrement de la motivation
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Isolement social
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Hyper-réactivité
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Incapacité à prendre des décisions
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Culpabilité
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Dévalorisation
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Comportements compulsifs (surconsommation, sport, travail, nourriture, etc.)
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Risques de burn-out parental ou professionnel